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         " Mais comment s'abstenir ? est-il quelque défense

            Qui l 'emporte sur le désir

            Quand le hasard fait naître un sujet de plaisir ? "

                                                  Jean de La Fontaine, in Le cas de conscience

                Il serait vain de tenter de définir de manière univoque ce qu'est le baroque. Il ne se laisse en effet pas seulement circonscrire comme une période bornée dans le temps et l'espace. L'appellation recouvre désormais des productions très diverses. Mais une constante demeure : celle d'un essai instinctif de saisir un mouvement, une dynamique à son point culminant sous l'angle le plus décisif, instant de vie qui condenserait les attributs du sujet représenté. Et s'il emprunte au passé, c'est peut-être pour mieux se jouer des codes classiques de la représentation : symétrie? ordre? perspective? un héritage, nos « imaginations héréditaires ».

 

                 Par conséquent, les différentes séries présentées peuvent être appréhendées comme une forme naturelle de « scénographie de la culture » : des variations autour d'un thème. Ce qui est donc questionné de manière transversale c'est en réalité le rapport qu'entretient la Culture (qui cherche en finalité à exorciser la mort) et une Nature monotone et changeante comme la mer, un réservoir inépuisable de sensations toujours inédites. Cartier-Bresson disait à propos des artistes : « nous travaillons dans le mouvement, une sorte de pressentiment de la vie ».

INSTINCT « Ce que je fais m'apprend ce que je cherche » P.Klee

 

                « Le medium, c'est le message » répète le philosophe McLuhan : la médiatisation de l’œuvre serait l’œuvre elle-même. Et pourtant nous n'avons jamais été autant assaillis d'images de tous registres, les écrans et autres pop-ups se multiplient, plus que jamais l'idée de la photographie comme d'une fenêtre ouverte de plus en plus fugitivement sur le monde s'impose.

 

                   Ce leitmotiv de la fenêtre, comme va et vient entre la notion de surface et celle de profondeur trouve sa pleine expression à travers la dialectique fascinante du plein et du creux ou concave et convexe. Le sens viendrait se nicher en creux dans l'image fixe ou animée attendant de s'épanouir pleinement dans le regard de l'observateur. Le cadre étant toujours là pour nous rappeler les limites de la représentation, une mise en abyme du thème récurrent de l'artiste et son modèle, photographe de lui-même et des autres.

 

                   Plus que jamais l'acte photographique doit s'atteler à infiltrer le réel, tenter de le dévoiler comme une mise en scène en se faisant « voyant ». L'objectivité en photographie est un leurre : tous les protocoles du monde ne peuvent pas occulter l'affect originel, l'arbitraire fragile d'une sélection cadrée face à un réel qui se dérobe.

Vouloir sauvegarder l'harmonie sensuelle de sa vie à travers différents supports, voilà la motivation de tout artiste. Il y a néanmoins une ambivalence car à vouloir ébaucher une collection de sensations, on « thésaurise » en fin de compte or la démarche artistique est à rebours de la morale bourgeoise. L'artiste oscillerait entre l'approche calculée de l'outil et l'automatisme exacerbé de sa sensibilité. On n'est pas loin d'une pensée comme celle d'E.Hopper confessant sa volonté de simplement capturer « la lumière sur un pan de mur »

 

                   C'est pourquoi les travaux présentés sont davantage des pistes de réflexion, une sorte de « carnet de croquis » sous la forme d'un puzzle hédoniste ; la mise en page web se traduisant en effet par une géométrisation féconde du vocabulaire plastique. Ce nouvel espace de monstration purement virtuel permet de suggérer des contenus nouveaux par des matériaux incongrus, l'hybridation subversive des genres et registres, l'expérimentation formelle de techniques variées. Ainsi, cette succession d'images parfois contradictoires, simultanées, superposées se répondent en écho par le jeu infini des métamorphoses. La dissonance n'empêchant pas l'émergence du sens.

Il s'en dégage une œuvre onirique, volontiers métaphysique qui se déploie de manière arachnéenne, un peu comme ces techniques du montage cinématographique. Les emprunts et citations à l'histoire de l'art sont certes révélateurs d'une volonté de mise à distance ; néanmoins des récits fondateurs, des mythes persistent, des lanternes demeurent dans cette constellation de séries successives.

 

                    On aboutit dans une sorte d'entre-deux où le réel et l'imaginaire ne sont pas nécessairement contradictoires mais complémentaires : un ensemble paradoxalement cohérent mais qui se refuse à faire système. Littérature, cinéma et musique sont mis en relation pour mieux questionner l'idée de narration et le statut du photographe : celui d'acteur à "témoin". On en revient finalement toujours à cette quête d'absolu, quête dont Maurice Denis, peintre Nabi, qui disait : « Étrange contradiction, cet absolu est limité par ce qu'il y a au monde de plus relatif : l'émotion individuelle ». En filigrane se lit peut-êtres surtout l'espoir d'une reconstruction de soi à travers l'autre par le biais de narrations le plus souvent muettes et parfois violentes qui traduisent une sophistication grandissante du regard dans notre monde contemporain.

                                                                                                                                                 M. Holleville, alias Telmo

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Ce petit carreau de faïence fait partie d'un ensemble de six carreaux de pavement aux emblèmes des Gonzague provenant du studiolo d'Isabelle d'Este à Mantoue (de l'atelier de Antonio dei Fedeli) et exposé au musée du Louvre, aile Richelieu.

On peut y voir le soleil? une étoile? une explosion? entouré d'un parchemin portant le motto "PER UND / IXIR" ("pour un désir"). Ma signature comme devise.

Vos informations ont bien été envoyées !

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